Voyages pêche

Reportage : Thon à la mouche

18 mars 2015

« Une vingtaine de kilos. Un thon d’une vingtaine de kilos. Dans les bras, un thon d’une vingtaine de kilos… »

C’est ainsi que commence le récit de Nico pour nous présenter la « dernière aventure » des deux potes de « 9p#5 ». Un week-end de folie que vous pourrez découvrir en vidéo à la fin de cet article si vous n’avez pas eu la chance d’en profiter lors du RISE 2015.

Je laisse la parole à Nico pour le « making-off » de cette partie de pêche pas tout à fait ordinaire…

On en parle dans le forum Mer.

Bon voyage,

Patrick

 

Une vingtaine de kilos. Un thon d’une vingtaine de kilos. Dans les bras, un thon d’une vingtaine de kilos. Et autour de nous, une Méditerranée calme, une douceur d’été indien, quelques oiseaux qui se sont gavés eux aussi d’anchois, et au loin là-bas, les rochers des « deux frères », la côte, la rade de Toulon. Tous les trois sur le bateau nous sourions, heureux du défi relevé. Pas de grands cris de joie de notre part, en voyant précautionneusement notre guide Fred oxygéner le thon pour qu’il reparte en forme. Juste beaucoup, beaucoup de conscience qu’on vient de vivre un truc de fou dans notre vie halieutique.

L’année dernière fin octobre, nous avons eu, Pierre et moi, la chance d’être invités par le guide Frédéric Gori pour aller tenter le thon au large de Toulon.

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Il a fallu mettre beaucoup de choses en œuvre avant de filmer les premiers lancers de streamer au milieu des chasses. Et notamment, trouver un matériel que nous n’imaginions même pas jusque là dans notre vie de pêcheur à la mouche de rivière : une 9 pieds soie de 16. Soie de 16 !!! Lorsque nous testons pour la première fois au stade Victor Pakomoff d’Aubusson ce matériel généreusement prêté par Hugues de TOF flyfishing, nous restons sans voix. C’est du lourd, du très très lourd. La canne ne plie pas du tout. On pourrait la prendre comme étai pour les travaux. La section la plus grosse de la soie de 16 est hallucinante. Nous ne pouvons pas faire plus de trois faux lancers pour étendre la soie sous peine de déclencher immédiatement une tendinite à l’épaule, au coude, au poignet… « Il faudra bien lancer à 25 mètres pour espérer leur passer devant le nez » nous avertissait Fred au téléphone. Quand je vois que j’atteins difficilement les 20 mètres sans vent, sur du plat et sans stress, je me dis que le défi va être compliqué. Heureusement Pierrot est beaucoup plus technique, et au bout de peu de temps, il déploie toute la soie dehors…ça va le faire !

Nous prendrons aussi le temps de fabriquer pas mal de streamers différents, en nous aidant des forum, et des conseils de Fred car pour nous c’est la toute première fois en mer.

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Au final d’ailleurs, nous n’en utiliserons qu’un, plutôt petit (5 cm), assez dégarni, et très sobre. Il fonctionnera sur toutes les espèces que nous avons tentées.

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Pour le film, nous décidons de mettre aussi toutes les chances de notre côté pour faire du beau, du bon. Location d’un 14-50 à focale fixe 2.8 de professionnel, un enregistreur numérique pour un son au top, des batteries et cartes mémoires en nombre correct. Et l’avantage cette fois-ci de n’avoir qu’une seule canne, pour que l’autre soit bien concentré tout le temps sur les prises de vue.

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Un créneau pendant les vacances de Toussaint se dégage. Deux jours. Juste deux jours pour piquer un thon, et récolter assez d’images pour faire un film. Sans expérience, dans un environnement que nous découvrons, nous nous en remettons totalement au guide.

Nous sommes tombés sur des choses incroyables. Nous avons vite compris que le séjour allait être inoubliable pendant que nous partagions des grives au four le premier soir avec Fred, sa copine, son père. Des personnes que nous ne connaissions pas, qui nous ont accueillis avec une telle simplicité et générosité, et avec qui le feeling et l’envie de partager s’est fait sans préambule. Nous avons vite compris aussi que Fred connaissait bien son affaire lorsque le lendemain matin, au troisième lancer, Pierre est attelé à une pélamide qui l’amène d’entrée au backing. Sans préambule elle non plus. « C’est juste incroyable ! » répète-t-il pendant le combat. Et lorsqu’il ramène le streamer après qu’elle se soit décrochée, nous constatons en fait qu’elle a tout simplement ouvert l’hameçon fort de fer spécial mer… Quelle puissance !

Nous avons dû aller contre l’envie de continuer à pêcher toutes les espèces présentes dans la rade de Toulon, et qui de si bon matin étaient en pleine activité…Nous sommes venus voir plus gros, et pour cela il faut partir plus au large…Go !

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Pendant le trajet, Fred nous explique comment repérer les chasses de thons en scrutant les rassemblements d’oiseaux, signe de présence de bancs d’anchois, et donc signe éventuel de tous leurs prédateurs. Guetter aussi les gerbes d’eau ou les reflets blancs que nous pouvons apercevoir à l’horizon. On comprendra plus tard lorsque nous assisterons pour la première fois à la chasse de thons. Pour les pêcheurs de truites, pour vous donner une idée…ben…faut voir le film, ou aller voir de vous-même parce qu’il n’y a absolument rien de comparable en eau douce. Ça claque de partout, l’eau est en ébullition littéralement. Ça bouillonne. C’est rapide. C’est intense, très intense. Et quand la boule d’anchois se termine, ça saute de partout. Les oiseaux qui plongent aussi pour profiter du festin, les thons qui s’envoient en l’air, des 20/30 kilos, et des trucs de 100, 150 kilos ! On voit une espèce de folie de la nature, une frénésie alimentaire… Folie qui s’arrête d’un seul coup quand le bateau arrive trop près.

On va bien mettre cinq à six approches de chasse avant de calmer un peu l’excitation du moment. On comprend alors que nous n’aurons pas plus de trois chances lorsque nous tenterons de leur faire prendre notre petit stream. Malgré la difficulté de manier cet ensemble canne/moulinet/soie de fou, malgré l’adrénaline, il va falloir être précis. Et pendant deux jours, nous allons apprendre avec notre guide comment nous placer, à quelle vitesse arriver, et surtout quand couper le moteur pour que notre trajectoire et celle que prennent les thons se croisent. Fred va être en alerte à chaque fois pour nous placer idéalement et va faire preuve d’une compréhension parfaite des situations. On a été bluffé de son expertise et de son analyse. On a vite vu aussi que c’était un acharné !

Nous aurons la chance de toucher un thon chacun pendant ce séjour.

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Et des thons de 20 kilos, ce qui est juste parfait pour pouvoir les sortir. Les combats de 30 minutes sont intenses, longs, fatigants, mémorables, physiques. Et le poisson est très beau : des couleurs de bleu, de jaune, des reflets noir et gris. Une forme et une allure d’obus. Un bijou de la nature.

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En fin de journée, sur le retour au port, et lorsque les chasses de thons se sont calmées, nous croisons des chasses de bonites. C’est un poisson au rapport poids/puissance étonnant. Rapport augmenté quand en fait la bonite accrochée au bout de la ligne se fait attaquer par un thon passant par là…ça fait forcément couiner encore plus fort le frein du moulinet de la soie de 8. Et quand nous prenons la bonite dans les mains, c’est aussi pour constater l’énorme balafre que cette dernière porte sur tout son flanc. Tuée sur le coup, elle sera délicieuse en darne le soir accompagnant notre récit du jour autour d’un repas généreux.

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Entre les dauphins, une baleine, une raie Manta, toutes ces espèces de poissons, la rencontre avec ce guide génial et sa famille, les paysages, les lumières et l’été indien, les rires, les conneries, les grives au four, le sanglier rôti…tout était parfait.

Et ce voyage est à portée de voiture. En vous arrangeant pour pêcher à deux, le séjour reste abordable et surtout l’expérience mémorable…voire dangereuse, car une fois le séjour terminé, ben on ne pense qu’à y revenir. Et la pêche est bonne toute l’année sauf juin et juillet…il y a donc de quoi faire sur l’année.

Nous devons remercier du coup plein de personnes car sans eux ce projet pêche et ce projet film n’auraient pas pu exister : Le Mouching pour leur soutien et leur réseau, Hugues de TOF Flyfishing, Fanny de « la caravane de l’image » et Nico de 1colore pour le prêt de matos son, et les conseils pour le montage du film.
Un grand merci à Frédéric Gori à qui nous dédions le succès de ce séjour :

N’hésitez pas à demander des avis et conseils, et surtout à contacter le guide qui vous donnera toutes les infos.

Enjoy

La vidéo:

Mediterranean – Fly Fishing For Tuna from 9p#5 Média on Vimeo.

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